Vers l’eau de là

Qu’est-ce qui nous rassemble, tous autant que nous sommes à graviter quotidiennement sur ce territoire de la Basse-Marche ? Il y a plus de quatre ans, lorsque nous nous posions déjà cette question, l’un des membres de la rédaction avait répondu du tac au tac : « C’est la Gartempe bien sûr ! » À l’époque, nous n’avions pas fait grand cas de cette réponse. Mais aujourd’hui, alors que nous venons de passer plusieurs semaines à nous pencher studieusement sur le thème de la ressource locale en eau pour le dossier de ce numéro 18, on se rend compte a posteriori du rôle prépondérant que joue effectivement cette rivière, sur laquelle se trouve notre principale zone de captage d’eau. Un beau sujet, cette eau de là. Qui nous amène à réfléchir encore une fois à la suite, car un jour viendra, pas si lointain, où le débit de la Gartempe se tarira ; il nous faut donc essayer d’anticiper les choses au-delà des quelques années qui viennent. Il nous faut aussi observer ce qui se passe au-delà des frontières diffuses de notre petit territoire, car on a beau avoir les deux pieds en Basse-Marche, nous ne formons qu’une minuscule partie d’un pays, d’un monde dans lequel nous ne sommes que des fourmis !

Il se trouve que le fait d’avoir conscience de cette position de simples petites fourmis bas-marchoises dans un monde qui nous dépasse, c’est parfois douloureux. Même si l’on se sent riche de nos rencontres, de nos réseaux et de nos nombreux projets locaux, lorsque l’actualité nationale frappe à la porte, il nous arrive de nous dire « À quoi bon ? » Quand on est là à s’agiter pour essayer de faire vivre un journal papier local qui tente de fédérer les bonnes énergies sur son petit bout de terre et que l’on constate que d’autres parviennent, notamment via les réseaux sociaux, à attiser la haine à grande échelle en quelques publications de trois lignes et deux photos, on désespère un peu. Youtubeurs d’extrême droite qui envoient leurs sbires pourrir la vie d’un maire de bourgade rurale du sud-ouest, jeunes de cités pris dans l’engrenage d’une rage destructrice, hommes politiques incendiaires rêvant de guerre civile, etc. ; on se regarde alors dans le miroir et on se donne un peu l’impression de vivre chez les Bisounours, avec notre journal local utopiste aux 250 abonnés à peine. Pourtant une fois la tempête passée, où que ce soit, on n’a d’autre choix que de reconstruire ensemble un monde un peu moins con. En commençant par discuter avec les gens qui vivent autour de chez soi. C’est ce qu’on essaie de faire à Mefia Te ! depuis le début, et il n’y pas de raison que l’on s’arrête, tout simplement parce qu’on y croit. Dans ce numéro, vous trouverez les mêmes ingrédients que d’habitude. Un coup de gueule Rurâââleur contre la disparition de certains bancs publics, un portrait d’une Marie au rire communicatif dans les rues de Bellac, une interview de Madame le Maire de Mortemart, une visite de l’entreprise Stimeca à Mézières-sur-Issoire, le troisième volet de notre BD La Ferme de Demain, des histoires de faune et de flore locale, des éléments de langage bas-marchois autour d’une notion clé – la sieste ! – ou encore un Hameauscopie du lieu-dit Pomereix, à côté du Dorat. Deux nouvelles plumes pour deux nouvelles rubriques aussi : l’une aux airs de « bistrot philo » et l’autre se lançant, comme promis dans le dernier numéro, dans l’analyse de la « résilience » de notre territoire. Et puis le gros morceau de ce numéro, donc : un dossier consacré à la ressource locale en eau. On a beau se questionner parfois, la soif d’avenir pour notre territoire est toujours là ! Bonne lecture !

Edito à lire dans le Mefia Te ! numéro 18

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