Textile local : du fil à retordre

Et vos fringues, elles viennent d’où ?

Et vas-y que je mets en avant les producteurs locaux, et vas-y que je parle des musiciens made in Basse-Marche, et vas-y que je chante l’ode des monuments historique du Nord Haute-Vienne… Super, les apprentis journaleux ! Mais dîtes, petite question : vous vous êtes déjà intéressés à la provenance des vêtements que vous portez ? Une filière textile locale, c’est envisageable, ou pas ? Allez, tentons un petit dossier à ce sujet.

Il est vrai que c’est une question intéressante. D’abord parce que localement, il y a une histoire en termes d’activité textile, vous le lirez dans l’article qui ouvre notre dossier. Les tanneries, le travail du chanvre, de la laine, ont joué un rôle important dans le secteur, pendant longtemps. On conserve d’ailleurs sur notre territoire des fleurons de l’industrie textile, avec les Tanneries Gal, situées sur le bord du Vincou à Bellac, ou bien l’entreprise Allande, spécialiste de la lingerie fine implanté au Dorat. Nous ne désespérons pas de vous faire découvrir ces entreprises de plus près, un jour où elles auront le temps et l’envie de nous recevoir ! Quoi qu’il en soit, même si aujourd’hui dans nos garde-robes c’est souvent le règne du textile venu d’Asie ou d’Europe de l’Est, la confection de vêtements est un savoir-faire qui a existé localement, et dont il reste quelques traces. Pas complètement incongru, donc, de se poser la question.

Un autre élément qui a amené assez naturellement la rédaction à s’interroger sur la faisabilité d’une filière textile locale, c’est la présence ici, en masse, d’une matière première clé : la laine, bien sûr ! Pas possible de faire 3 km en Basse-Marche sans voir de moutons. Mais lorsque l’on regarde les chiffres du commerce de la laine, on s’arrache les cheveux. Grosso modo, la France exporte environ 5.000 tonnes de laine chaque année, principalement vers la Chine, où la matière est transformée. Le produit fini est ensuite renvoyé en Europe pour être commercialisé. Superbe ! Évidemment, les éleveurs n’envoient pas leur laine à l’autre bout du globe de gaîté de cœur. Il y a des raisons à la difficulté de mise en œuvre de cette filière, et nous avons profité de la tenue du salon TechOvin à Bellac, début septembre, pour essayer d’en savoir plus auprès de différents interlocuteurs.

Et puis disons-le, à défaut de filière structurée, il y a en Basse-Marche plusieurs artisans qui travaillent déjà la laine, à leur échelle. Ce dossier était aussi l’occasion de braquer le projecteur sur l’activité de certains d’entre eux, sur leurs difficultés éventuelles, leurs réflexions sur cette noble matière première. C’est ce que nous avons fait, en dressant le portrait de deux jeunes femmes impliquées localement, et qui font preuve de créativité dans la mise en valeur de la laine. De quoi donner des idées à d’autres, on l’espère. Il y a encore bien des choses à imaginer du côté des collectivités et des organisations d’éleveurs. Mais  c’est surtout du côté des consommateurs – nous ! – que viendra le changement. En s’intéressant petit à petit à la provenance des vêtements que nous portons, comme on le fait de plus en plus couramment pour les produits alimentaires, nous inciterons les professionnels à faire évoluer leurs pratiques également. Il est long, le chemin, certes… Mais gardons le cap !


à lire dans le Mefia Te ! numéro 11  

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