À l’époque, fort lointaine, où les rassemblements de plus de une personne étaient autorisés, une petite bande de musiciens bas-marchois décidait de lancer des soirées « bœuf », histoire de passer l’hiver 2019-2020 dans la bonne humeur. Retour sur cette histoire, par un des piliers de la bande! Et vivement le prochain Vincou’L & The Gang!
On pourrait penser que « Vincou’L & The Gang » est un jeu de mots plutôt hasardeux. Les créateurs vous le concèderaient volontiers avec un petit sourire goguenard. Mais quand on s’y penche d’un peu plus près, tout est dans l’intitulé. Déjà, le coooool, ou l’absence absolue de prise de tête ! Puis le gang, une bande de musiciens, chanteurs, slameurs, tous bénévoles, tous à fond pour animer et partager des soirées en passe de devenir légendaires! Et enfin, le Vincou, cours d’eau « totem » des festivités ! Bref, il n’y avait pas mieux comme titre, à tel point que le seul fait de l’écrire, « vincoul and the gang », rrrrh ! J’en ai les hanches qui s’agitent , le palpitant qui s’accélère, prêt à guincher jusqu’au bout de la nuit.
Bon mais c’est quoi cet événement déjà incontournable ? Tout commence par une très bonne idée de Marie et Baptiste, deux habitants de Bellac, qui avaient à cœur de créer un moment de vie bas-marchois dans un lieu qui fait encore office de ciment dans nos régions rurales : le bar! Ils auraient pu se contenter de créer un club de bridge ou de loto, mais c’est la musique qui les anime. Et les voilà, après s’être à peine concertés, à annoncer de manière plutôt insouciante le premier « bœuf », le 17 décembre 2019 Chez Mbombo, un bar restaurant bellachon qui venait d’ouvrir ses portes la même année. Dans le monde de la musique le « bœuf », qui se dit aussi « jam session », est une forme de concert où des musiciens, qui n’ont pas l’habitude de jouer ensemble, se regroupent et improvisent des morceaux, partant d’un riff, d’une rythmique ou d’un chant. On attribue l’expression « bœuf » aux premières jam sessions françaises qui eurent lieu dans un restaurant parisien appelé « Le bœuf sur le toit ». Et dans notre cas, ce « bœuf limousin » a cartonné dès ses débuts. Des musiciens venus de partout, violoniste, batteurs, guitaristes, clarinettiste, tromboniste, des chanteuses et chanteurs en herbe ou expérimentés ont mis une ambiance de dingue. Ça se sent, ça se vit, il y avait un besoin furieux pour les gens présents ce soir-là de se marrer, de chanter et de danser tous ensemble autour d’un verre. Le tout dans une bienveillance générale. Certains chantaient comme des rossignols, d’autres comme des casseroles. Pas grave. Certains avaient le rythme dans le sang, d’autres une très mauvaise circulation. Pas grave. Et même avec une sono totalement nase, ça sonnait. Ça sonnait parce que le plaisir était au centre de tout ! Et les styles musicaux ? Le grand carrefour ! En passant par de la folk traditionnelle, un virage vers du Adèle et hop on repartait ailleurs avec des Johnny Cash ou Hallyday et des bonnes vieilles rythmiques funk, blues, reggae et rock. Première session réussie. On en veut ENCORE !!!!
Un mois plus tard on se retrouve, excités comme des puces, cette fois-ci au Commerce, qui a également rouvert ses portes en 2019. Les organisateurs se sont dotés d’une sono un peu moins bancale et on découvre d’autres artistes, notamment un jeune slameur, Jimi Serr qui vient poser ses textes incisifs sur les riffs des musiciens ou encore un jeune saxophoniste bas-marchois au talent en or massif répondant au nom de scène Adavity ! Soufflés qu’on était.
On se dit c’est bon, on a fait le tour, et non! Troisième session, sono de pro, à nouveau chez Mbombo et encore de nouvelles tronches qui se pointent ! Un guitariste flamenco venant de La Souterraine, un trompettiste hors pair, un pianiste à la cool attitude, un percussionniste qui ramène des sonorités africaines et les Old Mules, duo rock’n’roll qui nous joue du Elvis avec guitare folk et contrebassine (basse construite avec un manche à balai, une corde et une poubelle renversée, tout un programme !). Et à chaque fois plus d’ados qui se lancent sur scène, faisant le bonheur de leurs parents. On se croirait chez feu Jacques Martin !
Finalement « Vincou’L and The Gang » , c’est un peu comme un kebab dans lequel tu mets toutes les sauces qu’il y a sur le comptoir… Tu te dis « Non, ça va être indigeste ce mélange ! » Alors, tu te lances, pas très confiant, les yeux fermés. Et puis miracle, c’est le meilleur sandwich de tous les temps !
Alors, si je devais vous donner un humble conseil, ça serait de venir au prochain « bœuf » ou plutôt au prochain « Vincou’L » pour les désormais initiés. Histoire de vous en faire une idée. Une expérience comme celle-là ne se lit pas, elle se vit. Oooh yeah !
Lionel CAUCHI