« No Future for me », hurlaient les Sex Pistols en 1977, se faisant le porte-voix d’une jeunesse britannique pessimiste et un brin nihiliste. Presque un demi-siècle plus tard, nul besoin d’être punk pour regarder l’avenir avec appréhension. En France de surcroît, le contexte actuel est propice aux clivages exacerbés plutôt qu’au dialogue. Mais alors qu’est-ce qui nous rassemble ? Il va bien falloir que tout ce petit monde parvienne à se fixer un cap commun, à un moment donné, non ? Alors nous, ici, on a décidé de gueuler : « Nos Futurs ! »
Pas par naïveté, non. Mais par envie de construire des choses ensemble. Dans les années 80-90, nous hurlions « No Future » à pleins poumons. Aujourd’hui on se retrouve face à des ados – les nôtres ! – qui s’interrogent à leur tour sur l’orientation que prend le monde, en Basse-Marche comme ailleurs. La roue tourne. Alors oui, c’est le moment de s’interroger sur nos futurs. Et Mefia Te ! doit aussi pouvoir servir à ça.
Questionner l’avenir, c’est d’abord porter un regard critique sur le présent. C’est ce que l’on fait régulièrement dans ces pages et ce numéro ne déroge pas à la règle. Ainsi, le Rurâââleur se saisit par exemple de la consultation citoyenne quelque peu bancale mise en oeuvre par la commune de Rancon au sujet des éoliennes. Autre exemple dans la rubrique Pas Chouette, où l’on évoque la curieuse façon qu’a l’Éducation Nationale de mener un prétendu « dialogue social » dans nos contrées bas-marchoises reculées.
Regarder le présent, c’est aussi prendre conscience des atouts d’un territoire comme le nôtre dans un monde qui change. On pense à l’agriculture, un secteur plein d’avenir pour peu qu’on lui en donne les moyens. On espère qu’ils seront nombreux, les futurs « actifs », à s’orienter ou se réorienter vers ces métiers, comme le héros de notre BD La Ferme de Demain. On pense aux nombreuses structures associatives qui oeuvrent au quotidien sur notre territoire, avec dans ce numéro l’association des Grimpeurs du Haut-Limousin, entre autres. On pense à nos établissements scolaires et éducatifs, illustrés ici par un zoom sur l’option Théâtre du lycée général de Bellac et par une double page consacrée au Vieux Collège de Magnac-Laval. On pense à ces élu(e)s qui croient en leur territoire, comme ici avec la députée Manon Meunier, pour laquelle nous avons fait une entorse à notre rubrique L’Odyssée dau Maire.
Mais questionner l’avenir, c’est aussi savoir d’où l’on vient, et c’est regarder ce passé sans sombrer dans une nostalgie malsaine. Lisez donc le portrait de Dame Denise, belle petite mamie de 90 ans passés, qui vit toujours chez elle à la campagne du côté de Mézières-sur-Issoire et qui porte un joli regard sur le temps qui passe. Plongez en immersion dans l’organisation des Ostensions du Dorat, manifestation qui revient tous les 7 ans et au sujet desquelles on a voulu en savoir plus pour sortir de nos éventuels préjugés. Redécouvrez également une expression du parler d’antan et remettez-la au goût du jour, grâce à Coumme que se dit iqui ! Finalement, qu’est-ce qui nous manque le plus, pour regarder l’avenir plus sereinement ? De l’imaginaire ! De l’imaginaire pour se projeter dans les décennies qui viennent, à notre échelle locale, sans tomber dans le film catastrophe et sans non plus fermer les yeux sur les nécessaires évolutions de notre société. Dans le dossier de ce numéro, c’est ce que nous avons voulu faire sur un mode romanfiction, en imaginant le contenu d’un Mefia Te ! numéro 137 qui paraîtrait en avril 2053. De quoi laisser libre cours à notre inspiration… Alors allons-y, rassemblons-nous et braillons tous en coeur : NOS FUTURS !
Edito à lire dans le Mefia Te ! numéro 17