Retour sur la première « Semaine des émancipations »
L’un des membres de la rédaction a suivi avec attention le déroulement d’un nouvel événement organisé par le Théâtre de Bellac autour du thème des émancipations, et nous livre ici ses impressions, positives !
Pour Thomas Desmaison, le directeur du Théâtre du Cloître, il ne faut pas attendre vainement que les habitants de notre territoire viennent au théâtre à Bellac. Au contraire, ce sont artistes et les structures culturelles qui doivent aller à la rencontre des Bas-Marchois ! C’est pourquoi une partie de la programmation est délocalisée hors les murs du Théâtre du Cloître : aller chercher les gens, échanger avec eux, débattre mais aussi leur montrer des spectacles, bien sur ! La première « Semaine des émancipations », qui s’est déroulée entre le 3 et le 8 mai dernier, était l’occasion d’expérimenter encore plus l’engagement du Théâtre auprès des habitants avec une programmation elle-même très engagée malgré des aléas. Thomas et son équipe (les salariés mais aussi les bénévoles de l’association Bellac sur Scène) ont gardé leur enthousiasme malgré la défection de David Dufresne, invité de la rencontre du samedi. Cet écrivain et journaliste a écrit sur « l’affaire de Tarnac » dont le procès était mis en spectacle le soir-même. Un spectacle très vivant, drôle et décalé sur ce fiasco judiciaire. Un peu trop long peut-être. Malchance, le second invité du samedi, Daniel Tanuro, a dû annuler aussi sa venue à la dernière minute. Ce dernier s’intéresse à l’articulation des combats pour la défense des droits sociaux et de ceux pour le défense de l’environnement et des écosystèmes. Le regard qu’il aurait pu porter sur le développement d’infrastructures ou d’équipements qui ne font pas consensus sur notre territoire aurait été sans doute intéressant : méthaniseurs, éoliennes, extension du Parc d’activité de la Croisière ou plus récemment encore projet d’autoroute A147. Des sujets dont Mefia Te ! s’est déjà fait l’écho. Mais il en faut plus pour arrêter l’équipe du Théâtre qui a su également mobiliser des acteurs locaux ou de terrain pour chaque conférence-débat. Ainsi malgré la défection des invités de prestige, la rencontre du samedi a été maintenue. Des représentants de l’association Arbre (Association pour le Respect des Bois du Roy et de leur Environnement) à Bellac, de l’association Faîte et Racines dont le but est de lutter contre les coupes-rases qui portent atteinte au patrimoine forestier vivant et diversifié en Corrèze ou encore des riverains opposés au méthaniseur à Saint-Junien-les-Combes ont partagé leurs expériences et combats. Les deux autres points culminants de la semaine ont été la rencontre, le mardi, avec Jacques Rancière, philosophe de l’émancipation et celle, le jeudi, avec Ovidie, documentariste et spécialiste des rapports au corps et des sexualités. Cette rencontre précédait « Levez-vous pour les bâtard.e.s » de la CieOkto un spectacle très vivifiant qui interrogeait les clichés sexistes et les injonctions qui pèsent sur les femmes. Les membres de cette compagnie mais aussi les Affolé-e-s de la Frange, association qui organise des ateliers et des stages d’auto-défense féministe et populaire à Limoges et dans la région, ont participé à la conférence-débat d’Ovidie qui a rassemblé une centaine de participants. Un vrai succès public donc ! Ovidie a notamment partagé son expérience d’intervenante scolaire en milieu rural et a porté un regard positif sur nos jeunes très au fait des questions d’émancipation et lucides par rapport aux combats qui restent à mener. Vous savez quoi ? À Mefia Te !, nous attendons avec impatience la deuxième édition de la semaine des émancipations prévue en juillet 2023.
Article de David Gouraud à lire dans le Mefia Te ! numéro 14