Vous avez dit parité ?

Alors que le premier tour des élections municipales est passé et que le deuxième tour n’a toujours pas eu lieu, petit coup de gueule Rurâââleur envoyée par une lectrice, avec plein de chiffres et d’anecdotes croustillantes !

La parité homme femme est une obligation légale pour les listes de candidatures dans les communes de plus de 1000 habitants et la constitution des listes doit obéir à une alternance stricte : un homme, une femme, un homme, une femme, et ainsi de suite.

Une évidence en 2020 pour la majorité ? Oui bien sûr ! Mais qu’en est-il de la mise en œuvre ? Un quotidien national a récemment titré « Municipales 2020 – sexisme en campagne ». Regardons quelques chiffres et quelques propos entendus.

Parmi les élus terminant leur mandat en mars 2020 :

  • En Haute-Vienne 21% des maires sont des femmes
  • En France entière 16,9% des maires sont des femmes ; on monte à 29% pour les 1ers adjoints, 38% pour les 2èmes adjoints et 43% pour les autres adjoints ; la présence des femmes augmente dès que le niveau de responsabilité diminue !
  • La présidence de la communauté de communes Haut-Limousin en Marche est assurée par une femme (c’est le seul cas en Haute-Vienne et seulement dans 8,3% des com-com en France) ; et dans le conseil communautaire Haut-Limousin en Marche, parmi les 15 vice-présidences, seules 2 sont assurées par des femmes : la 10ème et la 12ème
  • En France, 31% des conseillers communautaires sont des femmes alors que la parité s’applique pour les élections des représentants au conseil communautaire des communes de plus de 1000 habitants ; ceci s’explique principalement par le fait que les petites communes qui n’ont qu’un seul représentant au conseil communautaire, envoie le plus souvent un homme.

Les résultats définitifs des élections municipales 2020 ne sont pas connus au moment de la rédaction de cet article ; cependant on constate que parmi l’ensemble des listes déposées en France pour cette élection, seules 18,7% ont une femme comme tête de liste.

Pour compléter cette analyse il est intéressant de regarder comment se négocie la constitution des listes et les tensions qu’elle génère parfois ; voici quelques propos entendus ici ou là sur notre territoire lors des constitutions de listes :

  • Un homme tête de liste : « Il faut bien avoir en tête que nous avons une contrainte : l’alternance homme-femme! » Ah bon! Une contrainte ! Moi j’avais pensé que c’était une aubaine.
  • Un homme qui se voyait mieux placé : « Donc moi je deviens 5ème ! »
  • Un des colistiers du précédent : « Et vous avez pensé à L. qui devient 5ème ? » Bien sûr il faut intercaler des femmes ! Ces messieurs n’y avaient pas pensé !
  • Un tête de liste homme mentionne régulièrement comme son second un homme oubliant régulièrement qu’il a dû intercaler une femme
  • Et c’est pareil pour les candidats pour le conseil communautaire ; la parité doit être appliquée ! Un élu actuel : «  Mais il faut savoir que les agents de la com-com sont déjà majoritairement des femmes ! » Bien sûr si les agents qui mettent en œuvre les décisions sont des femmes, les élus (décideurs) pourraient bien être des hommes ; c’est ça la parité : les hommes décident et les femmes exécutent !

Tous ces propos ont été prononcés avec une certaine ingénuité, sans penser à mal, mais sans aucune prise de conscience de leur incongruité par leurs auteurs ; ils ne concernent pas tous les hommes mais ne sont pas rares chez les candidats.

Il y a 30 à 40 ans beaucoup de femmes pensaient que la parité viendrait naturellement. Les données montrent une évolution : 0,7% de femmes maires en 1947, 8,2% en 1995 et 16% en 2014 ! Mais à ce rythme il faudra attendre 2050 pour avoir un semblant de parité !

La loi a contribué aux avancées réalisées en imposant la parité dans la constitution des listes d’abord pour les communes de plus de 3500 habitants, puis pour les communes de plus de 1000 habitants à partir de 2014 ; à partir de 2026 elle s’appliquera aux communes de plus de 500 habitants. Les faits témoignent de la nécessité de cet encadrement législatif ; non les choses ne se font pas naturellement. D’autres règles ont été proposées mais ne sont pas votées à ce jour, comme par exemple le fait d’imposer la parité entre le maire et le premier adjoint.

Nous ne connaissons pas le résultat des élections municipales 2020. Souhaitons que lorsque vous lirez cet article la situation se soit améliorée.

Et il serait intéressant de regarder d’autres éléments de diversité au sein des conseils municipaux en particulier la place des personnes en situation de handicap…

Suffragette 2020

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