La méthanisation. Au début, quand on entend ce mot, on a l’impression de revenir sur les bancs du collège, en cours de Sciences-Naturelles ou de Sciences et Vie de la Terre – cochez le bon choix selon votre date de naissance. Souvenir plus ou moins agréable selon les expériences de chacun, n’est-ce pas ! Mais ici et aujourd’hui en Basse-Marche, cette question de la méthanisation revêt une réalité concrète, loin des schémas dessinés en cours.
Pourtant nous avons hésité à nous lancer dans ce dossier, pour plusieurs raisons. D’abord parce que le sujet semble particulièrement « clivant », comme disent les (grands) médias ; en même temps, si ce journal a été créé, c’est justement pour proposer un support à tous les débats ayant du sens localement, en Basse-Marche, et on ne pouvait donc pas s’arrêter à ça. Autre raison à nos premières réticences : le côté souvent rapide et péremptoire des premiers arguments, pour ou contre, qu’on entend souvent dans la bouche des personnes à qui on demande leur avis à ce sujet. Mais quand tant de monde semble avoir un avis aussi tranché, qu’il penche d’un côté ou de l’autre, nous, on trouve ça louche, et on se dit que ça mérite qu’on y gratte. Dernier point qui nous a fait tergiverser : le côté très technique, voire expert, des débats qui arrivent vite sur la table quand on se penche sérieusement sur le sujet. Là encore, on ne pouvait pas s’arrêter à ça. Quand un débat est confisqué par des « experts », et devient inaccessible aux béotiens que nous sommes, ce n’est jamais bon.
Alors nous nous sommes lancés. Et immanquablement, vous retrouverez dans ce dossier certaines des choses que nous venons d’évoquer : du clivage, des propos péremptoires, et des éléments techniques. Mais ce que nous avons voulu faire avec ces quelques pages, c’est simplement essayer de vous donner les clés de mieux comprendre de quoi on parle. En quoi consiste ce procédé de méthanisation ? Pourquoi ce principe est-il une belle idée, innovante, écologique ? Quels intérêts y trouvent les agriculteurs enthousiastes qui se lancent dans cette activité nouvelle, plus ou moins complémentaire ? Quelles questions cela pose néanmoins immanquablement sur l’avenir de l’agriculture ? Quels sont les arguments des associations et collectifs qui dénoncent déjà les dérives de ce procédé de méthanisation, et qu’il serait sûrement un peu rapide de qualifier de « contre-tout » ?
Autant de questions auxquelles nous essayons de donner des éléments de réponse dans ces pages. Comme souvent, il apparaît à nos yeux de non-experts, mais néanmoins curieux, que c’est à travers la dimension des différents projets d’unités de méthanisation que se situe la clé d’analyse. Ces projets semblent pertinents lorsque qu’ils trouvent leur place à une échelle locale, en donnant aux agriculteurs un éventuel complément d’activité à travers la valorisation de certains déchets et de certaines productions dédiées, sans toutefois remettre en cause l’élevage, souvent activité première des exploitations bas-marchoises. Par contre, on a l’impression de marcher sur la tête lorsque la taille surdimensionnée de certaines unités de méthanisation implique un ballet de camions venus de plusieurs centaines de kilomètres pour pouvoir « nourrir la bête », ou que le mauvais dimensionnement de ces unités implique une vraie pollution des sols.
Débat complexe donc, mais fort intéressant !
Dossier à lire dans Mefia Te n°4!