Mefia Te !

La Basse-Marche en PLS

Illustration Alain Guyot

Edito du dossier – Au chevet d’un malade

Quoi d’neuf docteur ? Docteur, vous êtes toujours là ? Ah, il n’y a plus personne… Depuis la crise COVID, la France a pris conscience des déboires que nos professionnels de santé rencontrent au quotidien. Encore faut-il en avoir suffisamment autour de chez soi, des professionnels ! Sur notre territoire, il semble que la situation ne soit pas au beau fixe en termes d’accès au soin. Alors nous avons voulu nous pencher sur la question.

« Dis voir, tu pourrais t’occuper de ma santé ? » Cette phrase, nous l’avons entendue dans un troquet du coin : un habitué demandait à la serveuse de lui rallonger son coup de rouge. L’absurdité de la question nous a fait rire. Mais nous, qui s’occupe de notre santé, si ce n’est pas la serveuse ? Le médecin généraliste ? Le dentiste ? Le kinésithérapeute ? Vous commencez à nous connaître : à la rédaction de Mefia Te ! nous sommes tous d’indécrottables optimistes, avec une forte tendance à voir la bouteille à moitié pleine. Mais là, à la lecture de
certains documents, nous avons dû baisser le pavillon, ou presque. Il faut bien voir la vérité en face, la Basse-Marche est sans conteste un désert médical. Cette expression, aujourd’hui reprise un peu partout dans les médias, est devenue une marotte nationale. Mais derrière ces mots, il y a des chiffres qui ont eu tendance à nous refroidir, donc. Et derrière ce chiffres, il y a des personnes qui souffrent de ce manque d’accès au soin. Alors même si nous insistons souvent sur les facettes positives de notre territoire, ce journal doit aussi servir à débattre de sujets douloureux. Et la santé en est un bel exemple.

Il s’agit là d’un thème douloureux pour la Basse-Marche, certes, mais passionnant parce que complexe. Il est en effet difficile de saisir les raisons exactes d’un tel marasme, bien que les diagnostics soient connus depuis plusieurs années. Pour construire notre dossier, nous sommes donc partis de chiffres, ceux rassemblés par l’Observatoire Régional de Santé, consultables en ligne. Puis nous sommes allés à la pêche aux informations auprès de multiples acteurs. Vous lirez donc des témoignages de patients et de professionnels de santé bien sûr, ainsi qu’une tribune signée par une association de défense des usagers des services publics de la Haute-Vienne. Nous nous sommes également rendus au « coeur du réacteur » en allant interroger Sophie Girard, directrice départementale de l’Agence Régionale de Santé. Nous avons aussi sollicité Damien Maudet, député de la 1ère circonscription de la Haute-Vienne voisine de la nôtre, qui a beaucoup travaillé sur cette thématique de la santé, au niveau local comme au niveau national. Nous voulions aussi prendre le temps de mettre en lumière des professionnels du soin qui oeuvrent trop souvent dans l’ombre ; c’est le cas des aides à domicile, dont le travail essentiel méritait bien l’article illustré que nous leur consacrons.

Avec ce dossier, notre objectif n’est évidemment pas de regarder le passé comme une époque bénie, mais plutôt de comprendre la situation actuelle, et surtout de mieux percevoir les pistes envisageables pour en sortir par le haut. Que la conjoncture soit compliquée, c’est un fait. Mais nous espérons que, comme nous, vous verrez également des solutions à court, moyen et plus long terme. D’ailleurs, c’est bien en attendant l’arrivée et l’organisation des soins que l’on met une personne en PLS – position latérale de sécurité –, non ? Donc c’est pareil pour la Basse-Marche. Notre territoire est sans doute aujourd’hui en PLS, mais c’est justement le moment propice pour les professionnels de santé, les élus et les citoyens de se mobiliser en faveur d’un meilleur accès au soin pour les habitants du secteur. Alors, à nos stéthoscopes, surveillons ensemble le pouls de notre territoire !

Dossier à lire dans le Mefia Te ! numéro 15

Articles à retrouver dans ce dossier :