> LA BASSE-MARCHE, NOUVEL ELDORADO DE L’AGRIVOLtAïSME ?
Dans la torpeur de l’été dernier, une information remontait à nos grandes oreilles : pour le salon Tech-Ovin 2023 qui se tiendrait d’ici quelques semaines en septembre à Bellac, parmi les nombreux stands accueillis pour cet événement national et international à destination des professionnels de l’élevage ovin, près de 25 stands seraient tenus par des entreprises spécialisées dans l’agrivoltaïsme. En 2021, pour le précédent salon, seules deux de ces entreprises étaient présentes. Pourquoi une telle explosion, subitement ? Le dossier du nouveau numéro était tout désigné.
Mais c’est quoi au juste, l’agrivoltaïsme ? La loi du 10 mars 2023 relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables le définit comme ceci : « une installation agrivoltaïque est une installation de production d’électricité utilisant l’énergie radiative du soleil et dont les modules sont situés sur une parcelle agricole où ils contribuent durablement à l’installation, au maintien ou au développement d’une production agricole ». Le diable se cache dans les détails évidemment, si bien que tous les professionnels piaffent d’impatience en attendant la parution du décret d’application de cette loi. Sauf que fin octobre, à l’heure où nous envoyons ces pages à l’impression, toujours pas de décret. Malgré cela, pour nous faire une opinion sur ce sujet, nous avons essayé de recueillir un maximum d’informations. Au niveau technique d’abord ; le premier article de ce dossier vous explique plus en détails le principe de cet « agrivoltaïsme » dans sa version élevage ovin, celle qui sera privilégiée en Basse-Marche. Nous avons aussi arpenté les allées du Salon Tech-Ovin, évidemment. C’était presque l’emballement général parmi les éleveurs, comme si le salut allait venir de cette nouvelle pratique. Certains formulaient des réserves tout de même, comme vous le lirez dans ces pages. D’autres se rassuraient contre d’éventuelles dérives en précisant que « tous les exposants de Tech-Ovin avaient signé la charte de bonne pratique élaborée par la Fédération Nationale Ovine (FNO) » ; document malheureusement non disponible sur le stand de la FNO – c’est un comble – mais que nous avons pu consulter en ligne a posteriori. On y trouve des éléments rassurants, certes, notamment sur la dimension des projets et la nécessaire prédominance que l’élevage doit conserver dans ces projets de co-activité. Néanmoins, pas sûr que la signature d’une simple charte aille bien au-delà d’un engagement symbolique, du moins pour certains industriels. En poursuivant nos échanges, notamment avec certains élus locaux, nous avons eu confirmation que nous vivions ces jours-ci une période charnière au niveau du développement des projets d’agrivoltaïsme. En effet, l’État demande aux communes de définir et de faire remonter d’ici décembre 2023 aux préfectures des « zones d’accélération de production d’énergies renouvelables », de façon à atteindre les objectifs fixés au niveau national. Localement, la Communauté de Communes du Haut-Limousin en Marche s’est fixé un objectif de 1000 hectares de panneaux estampillés agri-voltaïques, comme vous le lirez dans l’interview que nous a accordée le vice-président chargé des énergies renouvelables. On est donc bien au-delà de l’effet de mode, et si pour l’instant la plupart de ces projets sont à l’étude, d’ici quelques années les panneaux photovoltaïques auront immanquablement pris leur place dans le paysage agricole bas-marchois. Après avoir été le pays de l’agneau, nous voilà bientôt devenu le pays du mouton électrique. De jolis débats en perspectives, que ce dossier vient alimenter. À vous de vous faire votre idée !