Mefia Te !

De l’électricité dans l’air

Photo Christine Chazeau-Bénit - Illustration Xavier Millon

Vous ne trouvez pas, vous, que l’air est électrique ces jours-ci ? Même si l’on amorce lentement mais sûrement – du moins l’espère-t-on – une sortie de cette curieuse diète sociale et culturelle covido-centrée, il n’en reste pas moins que les sujets de friction sont légion. Vaccin ou pas vaccin, masque ou pas masque, vote ou abstention, etc. Si seulement nous étions capables de confronter calmement  nos désaccords… Pas gagné !

Dans le genre « sujet qui fâche », localement, la question des éoliennes pourrait sans doute être placée en pôle position. Faites le test à la terrasse d’un café de n’importe quel bled charmant de nos contrées bas-marchoises, vous verrez, ça marche à tous les coups. Personne n’est d’accord, et on peut relancer le débat indéfiniment. Un beau sujet de dossier pour Mefia Te ! n’est-ce pas ? Nous nous y sommes donc penchés pour ce dixième (!!) numéro, et ce ne fut pas simple, effectivement. Chacun des membres de la rédaction partait avec des a priori, pas toujours les mêmes. Au fil des échanges, des lectures, des rencontres et des interviews qui ont nourri ce dossier, nous avons mesuré à quel point le sujet était complexe. Difficile de se dire simplement « pour » ou « contre » les éoliennes, tellement les nuances à évoquer sont multiples de chaque côté. Nous avons quand même tenté le diable, en allant jusqu’à s’enfermer dans un bureau, pendant deux heures, avec 2 « pro » et deux « anti » éoliens. Ce ne fut pas triste et cela nous a permis de ressentir directement cette électricité dans l’air !

Cela dit, même si nous apprécions les séances de crêpage de chignon, on ne cache pas non plus notre plaisir de se retrouver enfin ensemble lorsque l’occasion nous en est donnée. Alors que l’on écrit ces lignes, il est impossible de savoir comment évoluera ce satané protocole sanitaire dans les semaines qui viennent. Mais nom d’une pipe, que c’est bon d’attaquer l’été avec les marchés de producteurs du Dorat ou de Montrol-Sénard, de se retrouver au milieu d’un public criant son bonheur au Festival de Bellac, ou bien simplement de longer des terrasses de cafés-restaurants bondées à l’heure de l’apéro ! Là aussi, on retrouve de l’électricité dans l’air, mais de façon positive. On ressent cette joie d’être ensemble, après de longs mois de contraintes. Le courant social revient enfin, ça chauffe, parfois même ça surchauffe, mais ça fait du bien !

Comme dans chaque numéro, c’est finalement ce « courant social » dont on parle dans notre journal local. Ce courant circule grâce à des femmes, des hommes, des projets, des histoires, des associations. Le prof de philo qui part à la retraite après avoir vu défiler des générations de lycéens bas-marchois ; la famille qui nous refile un bon plan de randonnée itinérante dans les Monts de Blond ; le souvenir d’un dromadaire venu rouler sa bosse du côté de Magnac-Laval en 1730 ; celui des anciens qui se réunissaient pour faire mijô ; les associations qui s’investissent localement en vue d’organiser un concours national de pétanque, de financer des actions caritatives, ou bien d’accueillir un salon national du mouton ; le musicien bas-marchois tombé dans la marmite de la musique celte ; la mairesse de la petite commune de La Bazeuge, 140 habitants pour 1000 hectares ; la libellule qui pose ses valises en Basse-Marche, etc. Autant de récits qui nous ramènent à ce qui nous lie, à ce qui nous rassemble sur ce territoire.

Oui, il y a de l’électricité dans l’air. Des fois on prend le jus, et ça pique. Mais c’est aussi ce courant qui nous éclaire, après tout ! Comme lorsque des lecteurs fidèles nous proposent de créer un cercle des amis du journal, pour nous aider à mieux sonder le territoire et à mieux faire connaître Mefia Te ! Rendez-vous page 4 si vous voulez être de l’aventure… Bonne lecture !